Le Haut-Allier


 

Géographie

Géologie

Minéralogie

 


 

Géographie:

La région du Haut-Allier comprend toute la partie ouest du département de la Haute-Loire, de la ville de Brioude au nord à celle de Pradelles au sud. Historiquement, le Haut-Allier s'étend sur la Margeride à l'ouest (secteur de Saugues), le Cézallier au nord-ouest (secteur de Blesle), le Brivadois au nord-est (secteur de la Chaise-Dieu) et le Velay à l'est (secteur de Loudes). Durant la traversée de cette région, le fleuve Allier a l'aspect d'une rivière sauvage, coulant d'abord au travers de gorges étroites puis s'étalant en méandres à partir de Langeac dans la plaine Brivadoise. Comme beaucoup de régions d'Auvergne, le Haut-Allier est constitué de plateaux ondulés entaillés de profondes vallées dans lesquelles coulent des ruisseaux et des rivières à caractère torrentiel. L'agriculture se concentre sur les zones les plus facilement valorisables (sommets de plateaux et fonds de vallées), le reste étant surtout couvert de forêt de résineux et/ou de feuillus. Les hauts plateaux balayés par les vents du Cézallier étaient réputés pour les nombreux moulins à vent qui y étaient implantés et qui sont actuellement rénovés petit à petit. En effet, le Haut-Allier cherche aujourd'hui à devenir une région touristique afin de compenser la régression de l'agriculture...

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Géologie:

La géologie du Haut-Allier est complexe car elle témoigne de la géologie précédant la formation de la chaîne hercynienne. En effet, cette région se situe sur la bordure ouest du grand batholite de granite dit "du Velay" qui constituait l'assise de cette chaîne montagneuse aujourd'hui disparue. La formation de ce granite au Carbonifère s'est faite aux dépends d'une série métamorphique briovérienne orientée SE-NO qui compose actuellement le sous-sol du Haut-Allier. Le métamorphisme du Haut-Allier est désormais expliqué par la présence d’un chevauchement majeur entre une unité inférieure considérée comme autochtone relatif et des unités supérieures allochtones:

- L’unité inférieure est représentée par des gneiss à biotite et à sillimanite d’origine pélito-grauwackeuse. L’équivalent de ces gneiss réapparaît plus au sud et à l’est sous forme de micaschistes dont le degré maximum de métamorphisme est légèrement inférieur à celui des gneiss. Ces roches sont non migmatitiques, issues d’un métamorphisme prograde de pression intermédiaire. On ne sait pas sur quel socle elles reposent et si elles constituent une nappe ou pas. On les qualifie donc de para-autochtones.

- Les unités supérieures migmatitiques sont en contact anormal avec l’unité inférieure, d’après l’interprétation actuelle. Elles ont donc été charriées sur l'unité inférieure au cours d'une obduction qui a succédé à la fermeture d'un océan au Brioverien (orogenèse cadomienne). On distingue deux ensembles dans les unités supérieures:

Au coeur de la série, vient s'intercaler le fossé houiller de Langeac qui s'est formé suivant le même processus que celui de St Etienne (failles hercyniennes ayant provoqué l'affaissement d'un compartiment). Dans sa partie sud-est, cette série a été recoupée et partiellement recouverte par le volcanisme effusif (basalte) tertiaire du Devès. Dans sa partie nord-ouest, elle est recouverte par des sédiments détritiques tertiaires (sables et argiles) qui sont venus combler la plaine d'effrondrement de Brioude qui correspond au prolongement sud des Limagnes. Dans sa partie sud-ouest, la série a été intrudée et déformée par le batholite de granite dévonien de la Margeride.

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Minéralogie:

Plutôt que de plagier les excellents ouvrages de Christian Vialaron qui a beaucoup travaillé sur le sujet, j'ai préféré rédiger des chapitres conçis qui vous permettront d'avoir un petit aperçu de la richesse minéralogique de la région. Pour plus de détails, n'hésitez pas à vous reporter aux différents livres disponibles sur le site: http://www.mine-auvergne.fr

La minéralogie du Haut-Allier est célèbre dans la monde entier et a joué un rôle non négligeable dans l'économie auvergnate. On peut distinguer deux secteurs dont la minéralogie est sensiblement différente:

 

1) Les filons à antimoine (gîtes hydrothermaux de moyenne température)

En remontant le cours de l'Allier depuis Brioude, on rencontre d'abord le district à antimoine du Cézallier qui s'étend sur le plateau du même nom en rive gauche du fleuve et déborde sur le département voisin du Cantal (région de Massiac). Il regroupe de nombreux filons minces (~50 cm) pour la plupart orientés SO-NE car ils remplissent des failles hercyniennes qui ont rejoué et se sont remplies au Stéphanien/Permien. Ces gisements auraient été déposés par des fluides hydrothermaux à CO2 et H2O de moyennes températures (vers 280 °C). L'origine de l'antimoine se trouve certainement dans les roches encaissantes (gneiss) qui ont relargué leur stock métallique déjà présent avant le métamorphisme.

Ces filons ont une minéralogie variée comme le prouve la composition du filon de la Rodde: Antimoine natif, Argent natif, Arsenopyrite, Baryte, Berthierite, Bournonite, Calcite, Cerusite, Chalcocite, Covellite, Digenite, Famatinite, Fülöppite, Galène, Graphite, Gudmundite, Marcassite, 'Melnikovite', Minium, Bravoite, Pyromorphite, Quartz, Semseyite, Siderite, Sphalerite, Stibiconite, Stibnite, Stromeyerite, Tetrahedrite, Zinkenite. Dans ces filons, les minéraux “métalliques” se trouvent en inclusion dans une gangue de quartz, plus rarement de barytine. A l'occasion de rares géodes dans les filons, la stibnite forme des agrégats de cristaux acidulaires à éclat "métallique" qui ont été parfois altérés en minéraux secondaires (kermesite rouge, stibiconite jaune...).

A la fin du XIXème siècle, les besoins de l'industrie ont entraîné une veritable "ruée vers l'antimoine" qui a vu accourir de nombreux prospecteurs (dont les célèbres frères Lumière!) sur le Cézallier. De nombreuses petites exploitations souterraines ont alors tenté de rentabiliser ces filons avec un succès souvent mitigé. Cependant, ces petites mines ont permis un bref développement économique de la région car de nombreux journaliers et paysans ont travaillé régulièrement ou occasionnellement dans l’une des mines à la grande époque de l’antimoine. Aujourd'hui, les traces de ces exploitations disparaissent sous la végétation quand elles ne sont pas détruites pour des raisons de sécurité. Seule la mine de la Rodde à Ally a été récemment réhabilitée et permet encore de visualiser cet aspect méconnu du patrimoine de la région.

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2) Les filons à fluorine-barytine-sulfures (gîtes hydrothermaux de basse température)

Avant de passer à proximité du district à antimoine du Cézallier, l'Allier traverse la région de Langeac. Cette région est célèbre pour ses filons à fluorine et barytine dont la réputation n'est plus à faire. Ce secteur se divise en deux parties séparées par la vallée de l'Allier. En rive droite, se trouve la vallée minière de la Sénouire dont les anciennes exploitations s'échelonnent de Chavaniac-Lafayette au sud à la Chaise-Dieu au nord. En rive gauche, se trouve le district minier de Langeac-Tailhac qui est délimité par les vallées de la Desges et de la Marsange.

Comparativement au district à antimoine de Brioude, les filons de ces deux districts à fluorine sont relativement larges (~2 m avec un maximum de 18 m à Marsanges) mais majoritairement orientés NO-SE car ils ont remplis également des failles hercyniennes formées au Stéphanien et réactivées au Trias. Les roches encaissantes sont issues d'un métamorphisme très poussé (gneiss à deux micas, gneiss à biotite et silimanite) et sont probablement la source des minéraux qui se sont concentrés dans les filons. La chronologie de remplissage de ces filons durant l'ère Secondaire est aujourd'hui bien connue. Il s'agit de systèmes hydrothermaux de basse température avec des circulations de fluides “remontants” issus du socle et de fluides “descendants” issus des lagunes de saumure qui recouvraient le Massif Central au Trias/Lias. Leur combinaison a donné une paragenèse qui peut se résumer en 5 étapes:

1) formation des failles et dépôts de quartz à sulfures (pyrite, arsénopyrite, stibine...) sur leurs épontes (Stephanien / Permien). Les filons de la Sénouire sont plutôt à arsénopyrite tandis que ceux de Langeac sont plutôt à stibine.

2) stade 1: élargissement des failles et remplissage par de la fluorine violette et/ou verte associée à du quartz, de l'adulaire et de la pyrite (fluides à 145°C du Trias / Lias inférieur). Cette phase peut être entrecoupée par des épisodes de réactivation des failles entrainant parfois un broyage des filons (formation des "cocardes").

3) stade 2a: nouvel élargissement des failles et remplissage par du quartz, de la fluorine bleue, jaune ou incolore et des sulfures comme la galène, la sphalérite, la chalcopyrite, la bournonite, etc... (fluides de 65 à 135°C du Lias moyen).

4) stade 2b: remplissage par de la dolomite, de la sidérite, de la calcite, du quartz et surtout de la barytine (fluides de 30 à 65°C du Lias moyen). Ce stade ultime est marginal dans les gisements de Langeac alors qu'il est souvent dominant et intimement lié au précédent dans les gisements de la Senouire.

5) éventuelle altération des sulfures primaires et dépôts de minéraux secondaires (pyromorphite, cérusite, goethite...) sous l'influence des eaux superficielles qui sont entrées dans le filon à l'ère Tertiaire.

A titre d'exemple, voici la composition minéralogique de la mine de la Tourette à Josat, des épontes jusqu'au centre du filon: Quartz, Anatase, Pyrite, Arsenopyrite -> Adulaire, Quartz, Fluorite verte/violette, Marcassite, Pyrite -> Quartz, Baryte, Fluorite bleue, Galène, Chalcopyrite, Cerusite, Goethite, Limonite, Pyromorphite, Pyrrhotite.

Historiquement, ces filons ont d'abord été travaillés pour leurs sulfures (galène pour le plomb, sphalérite pour le zinc et stibine pour l'antimoine) notamment dans le secteur de Mazerat-Aurouze où des mines semblent avoir été ouvertes sous Louis XIV. Mais ce n'est qu'à la fin du XIXème siècle que l'on découvre un intérêt industriel pour la barytine et la fluorine (fondant en métallurgie) ce qui va déclencher leur exploitation rationnelle. Plusieurs mines spécialisées se sont alors ouvertes dans le Haut-Allier, les plus importantes se trouvant au sud de Langeac. Ces exploitations ont été ouvertes sur des gisements très importants mais profonds qui ont parfois nécessité de gros travaux souterrains.

Voici quelques gisements fluo-barytiques du Haut-Allier:

 

La vallée de la Senouire:

a) Monlimard et Clersanges

Ces deux sites "jumeaux" se trouvent à quelques kilomètres au sud-ouest de la Chaise-Dieu, sur les communes de Connangles et St Pal de Sénouire. Il s'agit en réalité d'un champ filonien dominé par deux filons fluo-barytiques de 3 mètres de puissance orientés SO-NE et encaissés dans le granite porphyroïde de la Chaise-Dieu. Ils furent exploités de 1920 à 1950 pour la barytine et/ou la fluorine par des entrepreneurs locaux qui se bornèrent à percer de courtes galeries en traçage à flanc de coteau. Malgré leur modeste intérêt industriel, ces mines sont bien connues pour leur minéralogie remarquable. En effet, ces filons sont très géodiques et les minéraux ont pu s'y développer facilement en cristaux automorphes. La barytine blanche se trouve en cristaux tabulaires ou crêtés et la fluorine forme des cubes (fragiles) présentant très souvent des "fantômes" de croissance. Ainsi, le filon de Clersanges a fourni de jolis cubes centimétriques de fluorine bleue à coeur jaune sur plaques de quartz ou isolés dans les haldes. On y a également trouvé des cubes jaunes aux arêtes violettes qui se présentent plus fréquemment en groupes. Le filon de Monlimard a quant à lui donné de beaux cristaux souvent biterminés de quartz hyalin/gris/fumé posés sur des lames de barytine ou parfois associés à des cubes de fluorine bleu clair. Les sulfures sont surtout représentés par la galène et la chalcopyrite, avec un peu de stibine et d'arsénopyrite. Les minéraux secondaires classiques du plomb (pyromorphite, cérusite) y sont fréquents mais des minéraux rares d'altération ont également été signalés (wulfénite, proustite, pyrargite...). Il semble d'ailleurs que, vers 1972, cette minéralogie particulière ait motivé un "amateur" à entreprendre une brève exploitation artisanale du gisement de Monlimard dans le but d'extraire des pièces de collection! Depuis, les travaux souterrains de Clersanges se sont tous effondrés et ceux de Monlimard se sont fortement dégradés. Par conséquent, les tranchées ont été comblées et les dernières entrées de galeries bétonnées durant l'automne 2009 pour éviter d'éventuels accidents...

 
         

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b) La Tourette

Cette mine célèbre (parfois surnommée la "Porte de Fer") se trouve sur la rive gauche de la Sénouire, en contrebas du village de Josat. Ce gisement se compose d'un filon puissant de 3,5 m essentiellement fluoré mais aussi faiblement minéralisé en barytine, galène et sphalérite. Il est encaissé dans un gneiss à biotite et sillimanite et son orientation générale est N140°E avec un pendage de 80° vers l'Est. Il fut découvert en 1926 par la compagnie AFC qui l'exploita juqu'en 1930. Voyant arriver la fin des réserves des gisements de Langeac, la compagnie Péchiney s'interessa à nouveau à ce gisement en 1959 mais n'en relança pas l'exploitation à cause des difficultés d'accès. Les travaux miniers se résument donc à deux niveaux de traçage reliés par une belle remonte boisée de 15 mètres. Le niveau inférieur (60 mètres de long), situé au niveau de la rivière, fut relié au jour par un travers-banc de belle facture équipé d'une voie Decauville et d'arceaux métalliques. Le niveau supérieur, plus conséquent (90 mètres de long), est surmonté par un sous-niveau qui devait permettre d'amorcer l'exploitation. Aujourd'hui, ce gisement est sans doute l'un des plus connu du secteur alors que son intérêt minéralogique est assez limité. En effet, le filon se compose surtout de fluorine verte et violette massive ou rubanée formant de belles cocardes tandis que le coeur du filon est rempli par un mélange de fluorine bleue et de barytine massives. Les plus beaux échantillons se composent de petits cubes de fluorine incolores à fantômes violets nichés dans des petites géodes de quartz. On y trouve plus fréquemment des petits octaèdres violets souvent altérés... La renommée de cette mine vient en grande partie du fait qu'elle était facilement accessible, mais malheureusement, elle fut la première mine de la Sénouire a être mise en sécurité, dès l'été 2008...

       
           

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c) Le Ravin de Chabestrat

Cette petite vallée, située en rive droite de la Sénouire, traverse un champ filonien composé d'une dizaine de filons fluo-barytiques orientés NO-SE et encaissés dans le granite porphyroïde de la Chaise-Dieu. Seuls les trois principaux filons furent exploités dans la première moitié du 20ème siècle, bien que la SECME s'y intéressa de nouveau en 1970:

- Filon de la Rimonde: Situé sur le flanc nord du ravin, ce filon puissant de 1,40 m en moyenne est composé d'un mélange fortement broyé de barytine blanche massive et de fluorine jaune ou bleue incluant des nodules de galène (parfois altérés en pyromorphite et cérusite). Les principaux travaux sur ce filon furent effectués entre 1925 et 1930 par Antoine Delabre (exploitant de la Mine des Sausses à Chavaniac) et par la compagnie AFC mais, devant la mauvaise qualité du minerai extrait, ils s'en desintéressèrent rapidement...

- Filon de la Dérochade: C'est le principal filon du secteur et, par conséquent, celui qui fut exploité sur la plus longue période. Puissant de 1,40 m en moyenne, il est essentiellement composé de barytine blanche massive incluant de la galène et de la sphalérite avec de la fluorine jaune ou bleue en cristaux automorphes. C'est la barytine qui fut l'objet des exploitations successives, d'abord par les exploitants des mines d'Aurouze puis par la compagnie Las Dos Estrellas qui entreprit de dépiler le filon par l'intermédiaire d'un puits de 30 m et de plusieurs grandes galeries percées à flanc de coteau. Malgré de multiples contraintes, notamment durant la seconde guerre mondiale, l'exploitation perdura de façon chaotique jusqu'en 1948.

- Filon de la Pièce Longue: c'est le seul vrai filon fluoré du secteur mais il est peu puissant (1,30 m en moyenne). La quasi-totalité de son remplissage est composé de fluorine verte massive et de quartz "cloisonné", la barytine s'y trouvant sous la forme d'une étroite bande de 15 cm incluant quelques sulfures (galène et sphalérite). Vers 1930, il fut exploré par la société "la Fluorine Française" qui perça plusieurs courtes galeries à flanc de coteau mais seules les deux principales lentilles fluorées furent dépilées.

Compte-tenu des caractéristiques de ces filons (caisses broyées, peu de géodes...), seuls quelques spécimens minéralogiques en furent extraits. Malgré l'isolement de ce secteur, les derniers travaux visitables (galeries et tranchées) furent mis en sécurité durant l'automne 2009.

       
           

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d) Aurouze

Cette dénomination regroupe en réalité les nombreux filons fluo-barytiques qui se situent autour du village d'Aurouze. Ces filons, encaissés dans des gneiss, sont majoritairement orientés NO-SE. Connus depuis très longtemps, ils furent exploités pour le plomb dès le début du XIXème siècle. Rapidement, les travaux miniers se focalisèrent sur les filons les plus riches et l'exploitation se détourna du plomb au profit de la barytine et de la fluorine. Longtemps exploitée par des mineurs locaux employés par des sociétés d'investissement, la concession d'Aurouze fut rachetée en 1930 par la compagnie AFC (future Péchiney) qui n'y effectua que quelques travaux à la fin des années 60 avant de s'en desintéresser.

Les travaux miniers se répartissent en deux quartiers, les travaux ouest étant en contrebas du village d'Aurouze et ceux de l'est se trouvant à proximité des hameaux de Chevalet et de Faraire. Longtemps laissés à l'abandon, ils ont tous été mis en sécurité durant l'automne 2009.

Travaux Ouest:

- le filon des Eaux Minérales: puissant de 2 m, il contient surtout de la barytine, des sulfures (galène, sphalérite, chalcopyrite...) et un peu de fluorine. Il a été exploité par des puits verticaux desservant 4 niveaux de galeries jusqu'à 105 m de profondeur. Malgré cette contrainte, c'est pourtant le filon qui fut exploité le plus longtemps, de 1865 à 1970. Il est aujourd'hui inaccessible car les travaux sont noyés et effondrés.

Travaux Est:

- le Grand Filon: puissant de 2,50 m, il est exclusivement quartzo-barytique mais présente des pseudomorphoses d'octaèdres de fluorine en quartz. Il est également connu pour sa richesse en minéraux secondaires (pyromorphite, cerusite, goethite, malachite, azurite...)

- le filon Marguerite: puissant de 1,50 m, c'est le principal filon fluoré d'Aurouze. Son remplissage est constitué de ¾ de fluorine verte massive et de ¼ de barytine blanche. Ses affleurements ont donné de jolis cubes centimétriques de fluorine incolore qui ont contribué à la réputation minéralogique du site. A l'occasion de l'élargissement d'un chemin forestier au milieu des années 1990, quelques jolis cubes bleus sur de la barytine crêtée blanche ont pu être récoltés dans la partie nord-ouest de ce filon mais cette découverte est restée isolée!

- le filon des Anciens: puissant de 1,50 m, ce filon quartzo-barytique fut sans doute l'un des premiers exploité d'après son nom... Ses dépilages souterrains ne sont plus accessibles depuis longtemps mais ses affleurements fournissent encore des cristaux de baryte sur quartz, des pseudomorphoses de fluorine octédrique et un peu de fluorine verte massive.

Ces trois filons ont été exploités grâce aux travers-banc de la Forge et du Ruisseau qui les recoupent perpendiculairement. L'exploitation de ce quartier s'est achevée en 1930.

Le quartier de la Salzède se trouve encore plus à l'est, au milieu des bois. Un puits et une galerie en traçage ont permis d'y reconnaître le prolongement est du Grand Filon. Ces travaux sont réputés pour leur richesse en pyromorphite que l'on trouve dans les cavités du filon, souvent associée à de l'argile rouge.

             

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e) Chavaniac-Lafayette (les Sausses)

Le gisement des Sausses se trouve au nord-ouest du village de Chavaniac. Il s'agit d'une grande structure d'orientation N135°E scindée en deux filons parallèles de 3 m de puissance, l'un de 220 m de longueur au sud et l'autre de 350 m de longueur au nord, séparés par un intervalle stérile et broyé de 340 m de largeur. Le remplissage de ces filons est essentiellement composé de fluorine verte/violette massive et silicifiée associée à de la barytine blanche ou ambrée dans les niveaux supérieurs. Comme dans les gisements de Langeac, les cristaux cubiques de fluorine (parfois décimètriques!) se sont développés dans des géodes de quartz remplies d'argile blanche... Par contre, à l'inverse de Marsanges, ces cristaux sont rarement incolores mais majoritairement bleus ou jaunes ce qui a contribué à la renommée du gisement chez les minéralogistes! Les sulfures sont peu abondants à l'exception de la marcassite qui forme parfois de belles concretions ou recouvre la fluorine cubique.

Ces filons sont connus depuis le début du 19ème siècle mais ils n'avaient motivé aucune exploitation. C'est Antoine Delabre, un des premiers exploitants de fluorine en Haute-Loire, qui décida en 1925 de s'attaquer à la partie nord-ouest de ce gisement prometteur, à proximité immédiate du hameau des Sausses. En 1950, la compagnie Péchiney vint s'y installer à son tour, tandis que la famille Delabre-Beranger ouvrait un nouveau siège d'exploitation sur la partie sud-est du gisement (Sauvagnat). En 1970, voyant arriver la fin de ses gisements de Langeac, la compagnie Péchiney décida d'acquérir la totalité du site afin de prolonger l'activité de son usine de Chambaret. Compte-tenu de la topographie du secteur, l'exploitation se fit exclusivement par des puits desservant plusieurs niveaux de galeries jusqu'à 215 m de profondeur malgré l'abondance des arrivées d'eau. Cette grande mine fut ainsi la dernière exploitation de fluorine du département à fermer, le 30 juin 1979, après avoir fourni 310.000 tonnes de minerai. Le site fut aussitôt mis en sécurité et réaménagé, tant et si bien qu'il est aujourd'hui difficile de localiser les anciens travaux!

Minéralogiquement parlant, il convient ici de réparer une injustice dont est souvent victime ce gisement! En effet, il s'avère que beaucoup de pièces de Chavaniac sont étiquetées “Langeac” sans autre précision et sont donc logiquement attribuées aux gisements situés au sud-ouest de cette commune. Cette confusion tient au fait que certains mineurs de Chavaniac ont également travaillé sur les gisements de Langeac et ont donc mélangé les pièces qu'ils en avaient extraites! Or le gisement de Chavaniac a fourni de très belles pièces qui méritent d'être correctement localisées... Les échantillons les plus célèbres sont des plaques de calcédoine blanche supportant des cristaux de fluorine d'un jaune intense ce qui a souvent fait dire que le jaune est la couleur dominante des cristaux de fluorine de ce gisement. Cependant, il existe également d'autres belles cristallisations: cubes bleus sur quartz blanc, octaèdres violets ou verts, agrégats de pyrite ou de marcassite, etc... Malheureusement, toutes ces pièces sont exclusivement issues de récoltes de mineurs à l'époque de l'exploitation et sont donc très difficiles à trouver aujourd'hui...

         
           

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Le secteur de Langeac:

a) Marsanges

Le gisement de Marsanges se trouve au sud de ce hameau, lui même situé à 6,5 km au sud-ouest de Langeac. Il s'agit sans conteste du plus important gisement de fluorine d'Auvergne mais, alors que ses cristallisations sont célèbres, sa gîtologie et son histoire restent méconnues du grand public...

Situé en bordure du bassin houiller de Langeac, ce gisement est en fait un grand réseau filonien d'orientation N140°E, large de 200 mètres et long de 900 mètres. Il est composé de 6 filons principaux: le filon Marmeisse, le filon du Communal (ou de Costebois), le filon du Pastro, le filon X et le filon Y, la réunion en profondeur des quatre derniers donnant le filon Principal. Ces filons subverticaux sont encaissés dans un gneiss leptynique à deux micas (avec des incursions en terrain houiller pour certains) et présentent environ 2 à 4 mètres de puissance sauf pour le filon Principal qui bat tous les records avec 18 mètres de puissance! Le remplissage de ces filons est essentiellement quartzo-fluoré, la barytine et les sulfures (pyrite, galène, sphalérite et chalcopyrite) y étant peu fréquents. On y rencontre également de la stibine et des sulfo-antimoniures (bournonite, tetraedrite, boulangerite, semseyite...) qui rappellent que le secteur est riche en antimoine. (Cf. Cézallier)

C'est d'ailleurs celle-ci qui motiva les premiers exploitants à s'intéresser au secteur de Barlet-Marsanges, dès le début du 19ème siècle. Mais ils se détournèrent rapidement de l'antimoine pour s'intéresser à la fluorine qui commençait à être réclamée par les usines métallurgiques stéphanoises et clermontoises. A l'époque, plusieurs concessions furent instaurées sur le gisement ce qui explique pourquoi certains filons furent exploités en même temps par différents entrepreneurs. En 1927, la compagnie AFC (future Pechiney) racheta la grande concession de Barlet tandis que la famille Plantin-Lebrat conserva celle de Marsanges. Celle-ci sera d'ailleurs la dernière à fermer, le 30 juin 1977, Pechiney (représentée alors par sa filiale SECME) ayant arrêté son exploitation en 1975. A cette date, tous les filons avaient été dépilés depuis le haut de la colline (cote 870) jusqu'en bas (cote 650) par l'intermédiaire de 6 vastes niveaux de galeries. Compte-tenu de ce dénivellé, la technique d'exploitation consistait à abattre le minerai et à le faire descendre jusqu'à l'étage le plus bas par un réseau de trémies pour qu'il puisse être évacué par le travers-banc Saint Robert. Ce travers-banc long de 1500 mètres était équipé d'une voie ferrée Decauville sur laquelle circulait le train de berlines qui amenait le minerai jusqu'au concasseur. Au total, cette mine aura produit plus de 930.000 tonnes de fluorine qui fut surtout utilisée pour la production d'acide fluorhydrique. Après sa fermeture, le site resta longtemps à l'abandon jusqu'à ce que la SECME, pressée par l'Etat et son nouvel actionnaire, décide de le mettre définitivement en sécurité en juillet 2007. Les dépilages furent alors éventrés et comblés par des remblais tandis que les entrées de galeries furent bétonnées.

Malgré cela, ce gisement restera mondialement célèbre pour avoir fourni de magnifiques cristallisations qui peuvent s'admirer aujourd'hui dans de nombreuses collections publiques ou privées. En effet, le caractère fortement géodique des filons de Marsanges a permis le libre développement des cristaux de fluorine. Les cubes, incolores le plus souvent mais parfois bleus ou jaunes, se trouvent dans des géodes de quartz souvent remplies d'une argile blanche ou brun clair. Ils mesurent de 1 à 3 cm en moyenne mais certains ont atteint plusieurs décimètres! Ils prennent de temps en temps une étonnante forme allongée, voire lamellaire, qui est fréquente à Marsanges... Les cristaux provenant des niveaux supérieurs (800 et au-delà) sont souvent recouverts par des encroutements de goethite qui proviennent de l'altération de la pyrite par les eaux météoritiques. Les octaèdres (exclusivement violets ou verts) sont moins fréquents et se trouvent la plupart du temps recouverts de quartz ou transformés parfois en “pyramides aztèques” par des recristallisations. A partir des années 1950, les plus grosses pièces ont été extraites et vendues par les mineurs eux-mêmes mais des prospections postérieures à la fermeture de la mine ont également permis de belles découvertes! Nul doute que ce gisement mythique ne tombera pas dans l'oubli, notamment grâce à ce compte-rendu d'Alexis Chermette qui a fait rêver des générations de collectionneurs de minéraux: "On constate assez souvent, suivant l'axe des filons, des géodes allongées, parfois de grandes dimensions, garnies de gros cristaux cubiques vert émeraude ou bleu prune, fluorescents, pouvant rivaliser avec les plus beaux spécimens du Derbyshire ou du Cumberland. Nous avons pu admirer ainsi, en juillet 1923, dans le filon du Communal, une géode assez spacieuse pour qu'un homme pût y tenir à son aise, toute resplendissante à la lumière des lampes de mineurs, de magnifiques cubes de fluorine dont certains dépassaient 20 cm de longueur d'arête, plus ou moins recouverts de cristaux pyramidés de quartz dont le scintillement des facettes rehaussait encore l'éclat de ce merveilleux écrin de pierreries..."

         

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b) Barlet (la Dreyt) et Le Rouladou

Ce gisement se trouve à 200 mètres au nord du hameau de Barlet. Il est souvent plus connu pour son spectaculaire fontis surnommé le "Trou de Barlet" que pour ses cristallisations qui ont souvent été mélangées à celles de Marsanges. Il est constitué d'un filon principal de 3,5 mètres de puissance qui fut exploré pour la première fois vers 1930 par Antoine Delabre et Pierre Perrucci. La compagnie Péchiney le récupéra en 1950 mais le garda en réserve jusqu'en 1963. A partir de cette date, il fut exploité en complément de celui de Marsanges qui s'acheminait alors vers sa fin. Il fut d'abord exploité par l'intermédiaire d'un puits qui fut ensuite complété par un long travers-banc équipé pour la circulation des camions qui évacuaient le minerai jusqu'à l'usine de Chambaret. La lentille principale du filon (~10 m de puissance) fut dépilée entre trois niveaux de galeries jusqu'à 230 m de profondeur, fournissant ainsi 340 000 tonnes de fluorine. En 1953, un travers-banc fut amorçé vers le sud-est pour tenter de rejoindre le filon du Rouladou, distant de 1800 mètres. Ce dernier, très semblable à celui de la Dreyt, avait été exploité sporadiquement depuis 1874 et présentait encore de belles réserves mais la tentative fut stoppée après 400 mètres car jugée finalement trop peu rentable. Une nuit de mai 1969, la couronne du dépilage supérieur de la Dreyt s'effondra brusquement, donnant naissance à un fontis de 30 mètres de profondeur pour 60 mètres de longueur. Malgré cet incident, l'exploitation se poursuivit jusqu'en juillet 1970. Après la fermeture du site, les accès de la mine furent condamnés mais le fontis resta ouvert, servant parfois de décharge pour les agriculteurs locaux. Du coup, le gisement de Barlet a connu le même sort que celui de Marsanges en juillet 2007: le fontis a été entièrement comblé par des remblais issus du décapage des haldes malgré son intérêt historique et minéralogique...

Ce gisement est surtout connu des minéralogistes pour ses octaèdres de fluorine violette que l'on pouvait facilement trouver dans les haldes. En effet, le filon de Barlet est plus quartzeux que celui de Marsanges et présente par endroits une alternance de couches de quartz et de couches de fluorine octaèdrique. Cependant, les cristallisations cubiques ne sont pas absentes du gisement et on les trouve soit dans des géodes de quartz comme à Marsanges soit associées à de la barytine crêtée et du quartz, tapissant des fissures du gneiss formées par des mouvements tectoniques tardifs.

       
             

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3) Les autres minéraux

Mis à part l'antimoine et la fluorine, il existe beaucoup d'autres minéraux dans le Haut-Allier même si leur présence est plus anecdotique.

Plusieurs de ces minéralisations annexes sont liées aux amphibolites et aux peridotites qui correspondent à des roches volcaniques métamorphisées. Elles renferment souvent des grenats ou parfois des minéraux plus recherchés comme les zircons ou les corindons (Cf. Velay). Autour de Cerzat du Dragon, on trouve plusieurs affleurements d'une amphibolite très métamorphisée (variété plumasite) qui contient des corindons rouges dont certains se rapprochent de la qualité des rubis... Lorsqu'elles sont altérées par la tectonique et/ou une circulation hydrothermale, elles se transforment en serpentinites qui contiennent de la Tremolite (amiante), du talc, des amphiboles et des minéraux rares comme la Prhenite et l'Ilménite. Ces occurences de serpentinites sont disséminées dans tout le Haut-Allier mais les plus nombreuses se rencontrent le long de l'Allier entre Chilhac et Brioude ("ceinture amphibolitique").

Cette rubrique ne serait pas complète sans citer les enclaves de peridotite que l'on trouve fréquemment dans les déjections des volcans stromboliens du Devès, au sud-est du Haut-Allier. Au-delà de leur aspect esthétique, ces nodules sont intéressants car ce sont des fragments du manteau supérieur qui ont été arrachés et remontés dans le flot de lave. Plusieurs carrières de pouzzolane ont été ouvertes dans les flancs de quelques volcans du Devès et permettent de trouver facilement ces nodules, accompagnés parfois de cristaux de hornblende ou d'amphibole. Ces carrières permettent également de faire une observation intéressante: les nodules situés le plus près de la cheminée volcanique ont été “recuits” et présentent une teinte orangée due à la transformation de la Forstiérite verte en Fayalite marron.

Le plus célèbre de ces anciens volcans est le Mont Coupet qui se dresse entre Mazeyrat d'Allier et St Eble. En effet, en plus des nombreux nodules de peridotite, les colluvions sur ses versants fournissent des saphirs d'une taille et d'une qualité souvent supérieures à ceux du Riou Pezzouliou. Au milieu du 19ème siècle, Bertrand de Lom découvrit ce gisement et y tenta une petite exploitation artisanale qui lui a tout de même permis de récolter 2 kilos de gemmes en 6 mois dont le plus gros saphir de France (165 carats soit 33 grammes) surnommé "le Vellave"! A la fin des années 1990, le ruisseau de Cizières situé en contrebas du mont Coupet fut à son tour l'objet d'une petite exploitation par des prospecteurs qui y découvrirent de beaux spécimens dont la plupart furent taillés. Mais l'origine géologique de ces saphirs est encore discutée aujourd'hui... L'hypothèse qui semble se dégager leur donne une origine magmatique, avec une croissance des corindons dans un magma trachytique en cours de différenciation avant qu'ils ne soient remontés à la surface par le magma basaltique.

   
     

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